· centre de déportation
· régime de Vichy
· gestion civile (police)
· commandant : commissaire divisionnaire Robert MAULAVE
· nombre d'internés : entre 1300 et 1750
Début août
Transfert aux Milles de juifs destinés à la déportation,
en provenance d'autres camps, principalement de Gurs.
3 août
9h30 une compagnie des Groupes Mobiles de Réserve (GMR), 170 hommes vêtus
de noir, casqués et armés, ayant l'ordre de tirer en cas de tentative
d'évasion, encerclent le camp. Les Milles deviennent camp de déportation.
Enveloppe 3-8-42
Mlle Dr. Erna Hamburger ..."
expéditeur : Hans Goldschmidt, Les Milles
Au recto
. Cachet à date des Milles 3 août 1942
. Adressé à Erna Hamburger, Zurich
. Affranchissement coin de feuille 9 timbres Semeuse à 2 centimes vert;
2 francs 50 l'ensemble, tarif pour la Suisse.
Au verso
. Expéditeur: Hans Goldschmidt, camp des Milles, groupe D-4.
Hans Goldschmidt était aux Milles depuis le 27 février 1941. Il a été déporté le 11 août 1942.
4 août
Transfert aux Milles des internés affectés aux GTE de la région
ainsi que des femmes et des enfants regroupés dans les hôtels marseillais,
annexes du camp.
5 août
Ouverture d'une enquête à l'encontre de Robert Maulavé,
le commandant du camp, pour détournement, malversation et vol.
6 août
Etablissement de listes préparatoires à la déportation.
10 août
Sauvetage d'enfants et de jeunes de moins de 18 ans qui partent pour Marseille
et seront pris en charge par l'UGIF.
Criblage des déportés dans la cour, nombreuses tentatives de suicide.
Les partants sont séparés des autres internés.
Un train est rempli, mais reste sur place jusqu'au lendemain.
enveloppe . 10-8-42
"Mlle Dr. Erra Hamburger..."
expéditeur Hans U. Goldschmidt camp des Milles B. du R.
Au recto
. Cachet à date des Milles, 10 août 1942
. Affranchissement recommandé pour la Suisse, 10 francs 50.
. En bas : bande ce censure de poste française.
Au verso
. Expéditeur Hans Goldschmidt, camp des Milles (déporté
le 11 août 1942)
11 août
8h départ du premier convoi de déportation des Milles pour Drancy
via Chalon-sur-Saône : il comporte 262 détenus.
12 août
10h appel des internés dans la cour ; dans l'après-midi embarquement
des nouveaux partants.
13 août
8h départ du deuxième convoi qui comporte 546 déportés.
Le gardien Auguste Boyer aide toute une famille à s'évader et la cache chez lui.
20 août
Lettre de protestation de Marc Boegner à Pétain.
21 août
Nouvelle arrivée d'hommes en provenance des GTE. Le criblage suivant
est annoncé par le commandant du camp.
Hans Fraenkel
Camp des Milles le 21 Août 1942
Les déportations des Juifs en zone occupée
Le premier transport a eu lieu le 10/11 Août, le second le 12/13 Août.
De 1400 hommes et femmes, rassemblés au Camp des Milles depuis le 3 Août,
840 sont partis pour un destin obscur. D'un camp à Le Bourget prés
de Paris nous avons eu les nouvelles des camarades -
Aujourd'hui des nouveaux rassemblements ont lieu. On compte d'avoir de 200 à
300 nouveaux venus, tous tirés de Groupes de Travailleurs Étrangers
cette fois.
A nous, restés encore, le Directeur fait savoir que nous n'aurons rien
à craindre de ce criblage qui regarde uniquement les nouveaux. Tout de
même nous sommes sûrs - et la déclaration du Directeur du
Camp ne nous contredit pas, - que certains parmi nous, malgré qu'ils
ont passé le premier criblage, ne sont encore hors de danger.
[...] Dans la semaine de préparation 31 personnes seulement ont pu s'enfuir,
en
se cachant sous les valises ou les boîtes vides des camions des Quakers.
aux jours mêmes du criblage et du départ approximativement une
cinquantaine
de gens se sont cachés dans les caves secrètes de notre tuilerie,
pour en sortir après et s'évader pendant la nuit ou pendant une
corvée d'eau. Car après le départ de la Police d'État
il fut assez facile de s'en aller sans être observé. Ce fut d'autant
plus facile que personne de nous a pu savoir exactement qui a fait partie du
train partant ou non. Il y en avait aussi qui à l'appel du nom n'avaient
pas répondu et se sont rangés parti les autres qui sont restés.
Quoiqu'il en soit, la direction et les gardiens ont fait de leur mieux pour
ne s'apercevoir de rien et pour donner leur appui.
Il faut mentionner un gardien surtout qui a fait tout le possible et l'impossible
par bonté de cur et par un esprit de sport pour ainsi dire sans
quêter rien.
23 août
123 déportés quittent Les Milles sous la garde d'un officier,
d'un sous-officier et de vingt-trois hommes de troupe.
Lettre pastorale de protestation de Mgr Saliège.
25/26 août
Rafles à Marseille et dans la région. A la suite de quoi le camp
se remplit à nouveau : 1300 à 1500 détenus, selon Henri
Manen.
1er septembre
Un train de marchandise est amené sur la voie de garage le long du camp.
Les détenus sont enfermés après le repas de midi.
A 16h le criblage commence. L'opération se prolonge dans la nuit jusqu'à
3 heures et demie du matin.
2 septembre
7h arrivée au camp de l'intendant de Police de Marseille, Maurice de
Rodellec du Porzic, et de son chef de cabinet, Stéphane Auzanneau. Rafle
à l'infirmerie pour remplir le dernier wagon.
8h départ du train avec 693 personnes.
4/5 septembre
Dans la nuit plusieurs personnes réussissent à s'enfuir avec l'aide
des gardiens Auguste Boyer et Jean-Baptiste Aimé.
6 septembre
Lettre pastorale du cardinal Gerlier, primat des Gaules, et de Mgr Deley, évêque
de Marseille : "... les droits de l'Etat ont des limites."
7-12 septembre
Enquête au camp sur les complicités d'évasion.
10 et 11 septembre
Nouvelles déportations, en direction de Rivesaltes, avant de poursuivre
sur Drancy et Auschwitz : au minimum 131 hommes, femmes et enfants.
Femmes et enfants restés au camp retournent dans les centres d'hébergement de Marseille ; ils seront transférés ensuite dans d'autres camps de la zone sud.
Les convois de déportations à partir des Milles
11 août 1942 | 262 hommes et femmes |
13 août 1942 | 546 hommes et femmes |
23 août 1942 | 123 hommes des GTE |
2 septembre 1942 | 693 hommes, femmes et enfants |
10 et 11 septembre 1942 | 131 (au minimum) hommes, femmes et enfants |
22 septembre
Message aux fidèles de l'Église réformée : "L'Église
réformée ne peut garder le silence devant la souffrance de milliers
d'êtres humains qui reçurent asile sur notre sol."
27 septembre
Le commandant Maulavé est suspendu de ses fonctions et écroué
à la prison d'Aix-en-Provence. L'enquête diligentée à
son encontre a révélé de graves irrégularité
dans sa gestion.
Commandant intérimaire : Paul Brun.